Dans la littérature scientifique internationale, l’expression « direction d’école » ou « direction d’établissement » désigne à la fois les personnels chargés de la direction d’unités d’enseignement dans le premier et le second degré. En France, le fonctionnement de ces deux degrés est différent, les directeur·trices dirigent les écoles du premier degré public, alors que les chef·fes d’établissement de l’enseignement public pilotent les établissements secondaires (collèges, lycées et établissements spécialisés), et sont secondé·es dans leurs rôles par un·e adjoint·e. Ensemble, ils et elles appartiennent au même statut de personnels de direction. En un peu plus de 200 ans, les missions de ces professionnel·les de l’encadrement scolaire de proximité se sont progressivement transformées pour accompagner les grandes mutations du système éducatif.
Dans la continuité de l’Édurevue n°128, « Pilotes et pilotage dans l’éducation » (Rey, 2019) et de l’Édubref « Piloter : entre métiers et activités » (Ravez, 2021) ; l’Édubref n°26, « Être chef·fe d’établissement aujourd’hui : entre héritage institutionnel et injonctions contemporaines », explore cette fonction d’hier à aujourd’hui.
De 1802 à 1988, l’évolution de la fonction de direction est étroitement liée à celle de l’enseignement secondaire. Elle est marquée par la lente élaboration du statut de personnel de direction, différent de celui d’enseignant, et officiellement créé en 1988. Celui-ci est composé de deux corps, qui seront réunis en un corps unique en 2001.
Avec ce nouveau statut, les personnels de direction s’inscrivent également dans une nouvelle culture de l’encadrement et de l’organisation liées aux mutations des politiques éducatives : massification scolaire, décentralisation, montée des exigences de pilotage local et de performance. Les chef·fes d’établissement pilotent dès lors un établissement public local d’enseignement (EPLE). Ce travail de management et de pilotage pédagogique s’appuie notamment sur le projet d’établissement qui décline les orientations des politiques éducatives nationales et académiques au vu des spécificités de l’environnement et des caractéristiques de l’EPLE. Depuis 2003, les personnels de direction sont formés à l’École supérieure de l’Éducation nationale (ESEN), devenue en 2021 Institut des Hautes Études de l’Éducation et de la Formation (IH2EF), qui concrétisent un rapprochement avec les corps d’inspection, regroupés sous le terme de « personnels d’encadrement ».
L’introduction progressive de la nouvelle gestion publique, centrée sur la recherche de performance des systèmes éducatifs et sur l’importance accordée à l’évaluation de leurs résultats, a transformé les pratiques des personnels de direction, désormais incité·es à adopter des postures managériales orientées vers le rendement et l’efficacité. À la croisée de l’héritage bureaucratique de l’Éducation nationale et des injonctions managériales contemporaines, la fonction de direction connaît de profondes mutations. Cet Édubref en propose une lecture pluriséculaire.
Vous pouvez télécharger l’Édubref n° 26 en cliquant ici.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Peggy Neville (30 avril 2025). Deux siècles d’évolution de la fonction de chef·fe d’établissement. ÉDUVEILLE. Consulté le 24 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13uir
Très bon résumé de l’évolution de la fonction de personnel de direction. Vous évoquez la féminisation différenciée des personnels de direction, il faut aussi souligner qu’elles sont sous-représentées au concours d’accès, par rapport au vivier de candidats potentiels, dont elles représentent plus de 70% des effectifs.