En tant qu’aides au service des apprentissages, les outils constituent un volet important des politiques éducatives actuelles. En effet, les programmes scolaires recommandent l’utilisation d’affichages, de portfolios, d’ouvrages, de supports de présentation, d’outils d’écriture collaborative ou pour enregistrer, etc.
Dans la littérature scientifique, la notion d’outil rassemble des éléments matériels, ou artéfactuels, comme ceux susmentionnés, et des éléments non matériels, comme le langage, un outil puissant pour apprendre. Quant à l’outil didactique, certains travaux, particulièrement en didactique du français, retiennent des critères de définition précis (Kervyn et Goigoux, 2021). Pour d’autres, plus largement, l’outil, qu’il soit matériel (ex. une grille de relecture) ou non (ex. l’étayage instructeur de l’enseignant·e), fait office de médiation cognitive entre enseignant·es et apprenant·es pour favoriser les apprentissages (Reuter et al., 2013).
Au-delà de ces différentes définitions, l’outil didactique s’insère dans un système plus large, au sein duquel il s’articule à des tâches, des activités et des interactions. Aussi, pour favoriser les apprentissages par le biais d’un outil, il s’agit de guider ses usages au sein de l’ensemble du système didactique.
Alors, comment circonscrire l’outil didactique et le différencier d’autres notions telles que les ressources ou les dispositifs ? Quels sont ses objectifs et ses enjeux ? Et comment s’en saisir afin de favoriser les apprentissages de tous et toutes ? Pour approfondir ces questions, l’Edubref 18, intitulé Des outils didactiques pour enseigner et apprendre, propose un portrait des outils, par le prisme de la didactique du français.
Références
Kervyn, B. et Goigoux, R. (2021). Produire des ressources didactiques : une modalité originale de vulgarisation scientifique tournée vers le développement professionnel et créatrice de nouveaux savoirs scientifiques. Repères, 63, 185-210.
Reuter, Y., Cohen-Azria, C., Daunay, B., Delcambre-Derville, I. et Lahanier-Reuter, D. (2013). Dictionnaire des concepts fondamentaux aux didactiques. De Boeck Supérieur.
Pour aller plus loin
Fenoglio, P. (2024). Des outils didactiques pour enseigner et apprendre. Edubref 18, mars. ENS de Lyon. https://veille-et-analyses.ens-lyon.fr/EB-Veille/Edubref-mars-2024.pdf
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Prisca Fenoglio (27 mars 2024). L’outil (en) didactique : quoi, pour quoi, comment ? ÉDUVEILLE. Consulté le 14 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w44z
Bonjour,
Je tiens à vous dire tout d’abord que je lis vos travaux avec beaucoup d’intérêt car ils sont rigoureux. Cependant, cette fois j’ai eu l’impression que vous brassiez du vide, à force de brasser des concepts à longueur d’article.
Du point de vue d’une ancienne enseignante de langue, je me suis demandée à qui vous adressiez cette recherche. Probablement à un public très restreint : chercheurs dans le domaine des “outils” didactiques.
Ne serait-ce pas un cul-de-sac de la recherche en éducation, une vision très asséchante et formelle? L’enseignant n’est-il pas lui-même un “outil didactique”, véritable couteau suisse?
Tout, absolument tout, peut devenir “outil didactique” avec l’imagination d’un enseignant. J’ai pu commencer un cours avec une pomme de terre, ou un mot au tableau, utiliser des bouts de papier ou un mime comme outil déclencheur… ou un écran d’ordinateur! La formalisation, bien qu’ intéressante, tend à tuer l’imagination, à conformer l’esprit dans une routine de gestes sans vie. C’est l’interprétation individuelle qu’en fait l’être humain (ici l’enseignant), qui va donner son souffle à l’outil didactique.
Donc, de mon point de vue, l’outil didactique, quel qu’il soit, est secondaire par rapport à l’absolue nécessité d’entraîner l’enseignant à développer son imagination, à donner un sens et des valeurs à ce qu’il enseigne, à aimer et jouer de sa liberté d’enseignant.
Le passé récent montre que la vassalisation de l’enseignant à l’outil didactique (diktats multiples technologiques et/ou idéologiques) a coincidé avec la perte des valeurs dans l’enseignement public, enseignement public qui n’est plus la priorité de l’Etat, il faut bien le dire. Les enseignants sont devenus des exécutants malgré eux, qui doutent de tout et d’eux-même en premier. Imaginez un peu une pièce de théâtre (la classe en est un) où le personnage central entrerait en bégayant d’une petite voix frêle, pas sûr de son fait, face à un public exigeant et agité, prêt à bondir sur son mobile pour le dénigrer auprès des siens ou sur le net, sans soutien véritable de sa hiérarchie qui elle, ne parle que le langage technocratique des circulaires et des inspections. C’est l’enseignant aujourd’hui.
La situation actuelle de l’enseignement est compliquée. Mais paradoxalement, ce ne sont pas les outils qui peuvent l’améliorer. On devra privilégier l’humain comme porteur de véritables valeurs communes, de créativité et de liberté d’enseigner selon sa personnalité et bien sûr se fonder sur une formation pédagogique recentrée.
Mes remarques sont peu scientifiques mais après tout, l’intuition apporte-telle sa pierre à l’édifice.
Cordialement,